Songe d'une nuit d'hôtel
Songe d'une nuit d'hôtel
ou "eternity is just a hotel room....."
A la suite de Robert Smithson, Sophie Calle, Martine Aballéa et d'autres encore, j'ai, moi aussi, voulu rêver d'un hôtel,inventer de petites pièces pour un théâtre de chambre, imaginer les actes qui se jouent dans l'intimité ...
Dans ces chambres anonymes où chaque détail raconte une histoire possible,
dans ces draps qui bruissent de tous les rêves partagés,
dans ces lits qui se creusent au rythme des corps,
dans cet espace intermédiaire,
dans ce lieu de passage, comme une capsule hors du temps et de l'espace,
où tout peut arriver....
chambre 107
rideau tiré, un lit à peine défait, odeur moite du sommeil ....
chambre 208
des oreillers s'embrassent, une trousse de toilette bâille sur le lavabo...
chambre 206
un rayon de soleil s'étire entre les draps, quelques gouttes d'eau dessinent des larmes dans la salle de bain...
chambre 205
une grosse vague de draps froissés et la boule blanche de la serviette sur le sol gris...
chambre 211
une télécommande noire sur le lit, comme une barque sur la mer du couvre-lit...
chambre 303
un ticket "cabin baggage" Air France, un coton rond dans la poubelle, un seul côté du lit défait et le souvenir d'un nuage sur la vitre....
chambre 210
un sac en papier brun de MacDonald posé à côté de la poubelle, un verre plein d'un liquide blanchâtre et grumeleux, un long cheveu sombre, abandonné sur le drap clair...
chambre 404
une bouteille de San Pellegrino, une bouteille d'Heineken, une bouteille de Vittel et un nid tiède entre les draps et les oreillers...
chambre 410
"Le Monde", "Les Echos", une carte du restaurant Bella Pizza, le ciel bleu par la porte fenêtre entre-ouverte et le tuyau de douche qui fait un "e" au fond de la baignoire...
chambre xxx
un parfum qui flotte, un songe qui se dessine entre les plis....
mais où est mrs Bed ?
Hotel Rooms
(From Ordinary Miracles)
© Erica Mann
"Hotel rooms constitute a separate moral universe."
--Tom Stoppard
A bed, a telephone, the cord
to the world
beyond the womb . . .
Here lovers meet, have met,
will meet again behind different faces
while the icy picures
look on,
seeing nothing.
Hotel rooms see nothing.
Business transacted,
prostitutes killed,
marriages silently shaken;
what happens here
is off the record;
there is no record
when the sheets
are changed
every night
for other guests.
& you my darling
my lover, my reader,
ultimately
myself,
why are you hungering so,
why are you opening
abysses in yourself
before you rush off
to the next appointment?
Eternity is just
a hotel room--
deluxe or seedy
as the fates allow,
lonely as the loneliest
one-night stand,
& with no telephone.
Or is it the body?
Is the body the hotel room after all?
O let us inhabit it amply, crying
& screaming & embracing
before we
check out.
...